24. Kagoshima, jour 3
- jean-claudedunyach
- 17 oct.
- 3 min de lecture
Ce matin, au petit déjeuner, il y avait un flacon de fromage liquide à verser sur les hot-dogs. On a évité. C’est le genre de petit détail qui vous fait vous sentir loin de chez vous.
Ensuite trajet à pied jusqu’à la gare (on commence à bien connaître et on salue les statues au passage),

bus jusqu’au terminal des ferries et vingt minutes de mer jusqu’à la presqu’île du volcan.

La baie étant parfaitement calme, on n’a rien senti, même pas le moindre début de houle. On se serait cru dans un autobus. Je me suis senti un peu frustré, mais Régine a apprécié.
Autour de nous, quelques rares touristes occidentaux et des familles asiatiques encombrées de gamins agités et braillards. On est très loin de la foule de Kyoto ou d’Osaka, c’est beaucoup plus intime. À l’horizon, le volcan grossissait, surmonté de son panache de nuages. Le décor était enveloppé d’une légère brume, à peine irisée. Ça ne rend pas très bien sur les photos, dommage.

À l’arrivée, il y a quelques maisons adossées à la forêt, un loueur de vélos, un petit supermarché. Pas de restaurant visible – il y a quand même un, bien planqué, mais doté de tables à la japonaises où il faut s’accroupir. Nos articulations s’y refusent. Donc on est parti faire une jolie promenade d’une heure et quelque le long de la mer, pour admirer les formations de lave projetées par le volcan. Toute la zone est un parc naturel, donc il y a beaucoup de papillons, d’oiseaux de toutes sortes (dont de magnifiques rapaces) et une végétation sauvage, très luxuriante, dans laquelle on peut se perdre via des sentiers et des pontons aménagés.
La chaleur était vraiment insupportable, on a transpiré des litres, mais le spectacle en valait la peine. Le front de mer de Kagoshima n’est pas particulièrement sexy, c’est un port de pêche assez industriel, mais la baie est belle, saupoudrée de quelques récifs artificiels et d’une île minuscule recouverte de forêt. Des bateaux rayent la surface de l’eau sans laisser de traces, les ferries se succèdent toutes les demi-heures, on aperçoit quelques pêcheurs dans des barques, qui dérivent lentement. J’avais envie de me baigner, mais les lieux ne se prêtaient pas au nudisme.
À la fin de la balade, on a pris un bus qui nous a emmené au flanc du volcan (350 m d’altitude), afin d’admirer la vue. Le bus en question était climatisé – par ici, le moindre endroit fermé est parcouru de courants d’air glacials. Notre sueur a séché en cinq minutes et on a enfin pu se détendre. La brume voilait la mer, le silence n’était troublé que par les bavardages des familles qui se relayaient pour se photographier devant la paroi du volcan.

On n’y prête plus vraiment attention, mais le Japon n’est pas un pays silencieux. Dans le bus, les haut-parleurs déversent en boucle les mêmes messages préenregistrés en deux ou trois langues, le chauffeur marmonne en permanence, chaque magasin envoie sa ritournelle à fond… Beaucoup de gens portent un casque fermé ou des ear buds, peut-être pour s’isoler, ou pour se plonger dans les sollicitations de leur téléphone. On les voit marcher, les yeux baissés sur leur écran, indifférents au monde.
Nous retournons vers notre hôtel en fin d’après-midi, après un arrêt à la gare pour grignoter (on crevait de faim). Enfin, quand je dis grignoter… On commande un plat sur le menu, qui se révèle accompagné de tout un tas de choses qui ne figuraient pas sur la photographie (des gyosas, un bol de riz avec un œuf poché, des oignons frais et des tranches de viande, plus divers légumes marinés dans des coupelles). On est ressortis gavés et on n’a pas mangé le soir. J’en ai profité pour lire et écrire un peu. Ça fait près de trois semaines qu’on est en vadrouille au Japon et nous n’avons pas allumé une seule fois la télé de notre chambre d’hôtel. Ici, le spectacle est partout ailleurs.


















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