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13.    Kyoto, jour 5

  • jean-claudedunyach
  • 6 oct.
  • 3 min de lecture

L’immense temple d’Inari est un lieu incontournable de Kyoto, qui en comprend pourtant beaucoup. Le problème, c’est que tout le monde le sait…

On rejoint le temple via un train de banlieue poussif, pour la modique somme de 240 yens, le prix d’un ticket de tram en France. Et à l’arrivée, on comprend notre douleur… C’est la foule du métro aux heures de pointe. En plus bigarrée.

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Sauf que : il pleut, une pluie tiède, mais tenace, qui mouille les habits et qui décourage. Et surtout, Inari c’est un ensemble de temples et de milliers de toriis rouges (des arches porte-bonheur) répartis en longs corridors à flanc de colline, au milieu de la forêt, avec beaucoup d’escaliers glissants, des kilomètres de voies plus ou moins boueuses et un bon dénivelé de quelques centaines de mètres jusqu’au sommet. On l’avait déjà fait lors de nos séjours précédents, on savait à quoi s’attendre. Ce n’était pas le cas de la plupart des touristes.

Donc on a grimpé. Et, petit à petit, la foule s’est clairsemée. Ceux et celles qui venaient prendre des selfies sous les toriis ont renoncé à cause de la pluie, de la foule, du manque de lumière. Pour le dernier tiers du trajet, celui qui offre une vue somptueuse sur Kyoto, il ne restait que quelques irréductibles dans notre genre.

On en a profité, comme chaque fois. Inari, c’est un lieu dédié à Kitsune, le dieu renard. Il y a beaucoup de petits sanctuaires le long des voies, avec des statues, des ex-votos en forme de toriis,

et des boutiques de bois, étroites, vendant des bougies, des porte-bonheur, parfois du thé vert avec des gâteaux tout simples (on n’a pas craqué, on n’aurait pas eu la force de repartir). On peut acheter des masques stylisés de renard, des porte-clés, des gris-gris plus ou moins mignons. Plus loin, des panneaux vous préviennent qu’il y a des singes et des sangliers dans le secteur. On n’en a jamais vu ou entendu un, mais ça entretient le suspense.

Les tunnels de toriis sont des expériences mystiques. Un torii, c’est une porte que les humains peuvent franchir, mais pas les démons. Ni les mauvaises pensées, les aspects maléfiques ou les souffrances métaphysiques. En traverser cinquante ou cent qui se touchent, au milieu de la brume, c’est un rituel de purification. Plus on monte, plus on se sent allégé de diverses inquiétudes.

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Ne riez pas. Je ne suis pas croyant, ni même vaguement mystique, mais c’est un effet que j’ai ressenti. Sans doute l’influence de Kitsune, ce dieu taquin et malicieux qui rappelle le Coyote des Indiens d’Amérique ou le Puck des cours de faërie.

Ce que je décris, évidemment, c’est le haut d’Inari. Le bas est constitué de quelques beaux temples envahis par la foule

et, juste avant, d’une zone entre le temple et la gare absolument saturée de boutiques et d’échoppes de nourriture en plein air. Ça mérite qu’on s’y attarde un brin… Visiblement, pour vendre quelque chose de comestible, il faut le transformer et lui donner une forme suffisamment travaillée pour justifier son prix. Donc on a des pommes de terre découpées en spirales de 50 cm de haut (ça reste des patates, hein, mais c’est en spirale et ça se mange en tournant la brochette devant sa bouche),

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des enfilades de machins plus ou moins multicolores, des fruits artistiquement découpés et saupoudrés de chocolat (noir), de poudre de matcha (vert), de crèmes diverses (blanches, bleues, roses…).

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Et bien sûr pas de poubelles pour jeter sa brochette ou son emballage une fois terminé. Le seul endroit où on a vu des poubelles (de grands conteneurs posés au pied du temple) c’est à Kiomizu-dera, car l’afflux de touristes grignoteurs était tel que le sol aurait été rapidement jonché de détritus. Je pense qu’Inari ne tardera pas à s’y mettre, si ce n’est déjà fait.

On est rentrés à Kyoto par le même train, bondé comme un métro. Malgré nos vêtements trempés, on n’avait pas vraiment froid. Mais le restaurant de tempuras (délicieuses au demeurant) avait l’air conditionné et nos chemises sont rapidement devenues des camisoles glacées. On est retourné à l’hôtel pour se changer et prendre une douche bien chaude, puis on a cherché à faire la lessive, sans succès. On n’est pas ressortis.

 
 
 

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