34. Okayama, jour 2
- jean-claudedunyach
- 26 oct.
- 4 min de lecture
Les villes japonaises sont souvent truffées de souterrains. Le genre qui sert à traverser les grandes avenues, avant de se ramifier en zone commerciale, parfois immense. C’est en particulier vrai devant les gares. Rester en surface signifie manquer des choses. Il doit sûrement y avoir une leçon à en tirer, mais je ne me hasarderai pas à deviner laquelle.
Après un crochet par la gare (et son sous-sol) pour récupérer nos réservations pour Tokyo, on attaque le trajet vers le château d’Okayama,

situé dans un joli parc qui jouxte une rivière, avec un deuxième parc plus grand, et magnifique, situé sur la rive opposée. Si j’ajoute qu’il y a pas mal de musées sur le chemin, vous avez le plan de notre journée. Y compris une photo d’un ridicule achevé me concernant, mais j’anticipe.
Si vous ne vous êtes pas encore lassé(e) des châteaux japonais, celui d’Okayama vaut le coup d’œil. Pas aussi blanc qu’Himeji, moins ramassé que Kumamoto, il est simplement élégant et digne de figurer sur le podium. Sur le chemin, quelques bronzes posés là sans justification particulière,
beaucoup d’arbres (c’est la première fois qu’on voit autant de rues bordées de grands troncs bien taillés, dont les branches frôlent les fils électriques), une collection de tentes servant de la street food sur la rive (pas mal d’odeurs délicieuses) et pour finir le château lui-même. Devant, il y a des gens costumés en samouraï qui aident les touristes à enfiler des pièces d’armure pour se photographier en poussant des cris extasiés (je ne me moque pas, vous verrez plus loin pourquoi).

Par contre, une jolie scène : un des samouraïs (celui de la photo) habille un gamin qui essaie maladroitement de brandir son petit sabre. Avec patience, le samouraï le reprend et lui donne une véritable leçon d’art martial. Le gamin joue le jeu, c’est un moment de grâce qui s’achève par un salut rituel partagé.
L’intérieur du château est bien aménagé, un peu trop à mon goût (on oublie presque qu’on est dans un édifice vieux de plusieurs siècles).
Par contre, une belle collection de sabres de toutes tailles, dont certains que l’on peut soupeser et évaluer. C’est lourd, peu maniable, il faut un sacré entraînement et des muscles de fer. Mon admiration pour les guerriers de l’époque a encore progressé.
Il y a aussi des armures, qui permettent de réaliser que lesdits guerriers de l’époque étaient beaucoup plus petits que moi, dans l’ensemble. Ça ne les aurait pas empêchés de me flanquer une raclée d’une seule main s’ils l’avaient souhaité.

En partant, on traverse le fleuve et je pars photographier les pédalos en forme de cygne, qui forment un contraste délicieux avec l’édifice en arrière-plan.

On peut les louer, mais Régine n’est pas du tout joueuse. On se contente de grignoter des nouilles et des beignes de poulet dans un joli restaurant à l’ancienne qui donne sur l’eau. Seul problème, on nous colle à une table à la japonaise, où il faut s’agenouiller sur un coussin, talons sous les fesses, ce dont nous sommes incapables (quand on faisait du karaté il y a quarante ans, on savait faire, mais depuis nos articulations ont cessé de coopérer). On se positionne comme on peut, face à des Japonais impassibles qui se tiennent droits, tout en grâce et souplesse, et qui manient leurs baguettes avec une grâce un peu maniérée. Nous, on mange en essayant juste de ne pas en mettre partout.

En plus, pour la première fois depuis notre arrivée au Japon, on nous a fait la réduction troisième âge dans le château et les musées qui ont suivi. Coïncidence ? Je ne crois pas…
À la sortie du restaurant commencent les splendides jardins de Kōraku-en. Une collection de zones harmonieusement juxtaposées : petits lacs, minuscules rivières et ponts en zigzag (les démons, à ce qu’on sait, ne peuvent se déplacer qu’en ligne droite), bambous, rochers aux formes torturées, petits temples, vergers. Sans oublier une demi-douzaine de grues royales dans un enclos grillagé qui empêche qu’on les photographie.
Au hasard de nos déambulations, on tombe sur un mariage, sur des dames du troisième âge qui pique-niquent bruyamment dans une maisonnette ancienne. On peut acheter des chrysanthèmes ou des bonsaïs, assister à une cérémonie du thé et déguster un breuvage verdâtre et boueux accompagné de deux minuscules sucreries. Autour de nous les familles flânent, les gamins s’agitent gentiment ou jouent à la marelle sur les pierres qui traversent les ruisseaux.

Quelques pas plus loin, on attaque notre premier Musée préfectoral (ils sont fermés le lundi, donc c’est aujourd’hui ou jamais). Une exposition consacrée aux objets du quotidien utilisés dans le passé, et un étage entier dévolu au tissage de tapis de fibres,
les fameux tatamis qui jonchent toutes les constructions de l’époque et qui servaient aussi à les mesurer (on parlait d’une pièce de trois tatamis sur six, par exemple). Beaucoup de belles choses et d’autres plus étonnantes, dont une reproduction de l’Angélus de Millet dont on se demande bien ce qu’il fout là.

Et en sortant, je tombe dans un guet-apens : comme nous étions seuls, une paire de dames charmantes m’entraînent sur les tatamis pour me faire essayer des pièces d’armure. Jusque-là, tout va bien, sauf qu’un couple de jeunes Japonais surgit de nulle part et me demande l’autorisation de me photographier pour ensuite poster le résultat sur Instagram. J’ai acquiescé avec un sourire crispé (mais sans donner mon nom, hein, faut pas pousser). Voilà ce que ça donne :

Heureusement, le musée d’après était consacré à des artistes locaux, assez fascinants chacun dans leur genre, dont trois superbes calligraphies de Myamoto Musashi, le maître de sabre, qui ne se contentait pas de tuer des gens, mais peignait à l’occasion des moineaux sur une branche. Puis deux expositions de Yuishi Hirako
et Nagao Norhisa. Pas moyen de photographier le second (Nagao, mon préféré) comme je l’aurais voulu, mais j’ai pu acheter le bouquin de l’exposition.
On est rentrés par le quartier commercial, en flânant le long d’une vaste galerie marchande.
Un bref arrêt dans un 7-11 pour acheter de quoi grignoter dans la chambre et nous avons tiré les rideaux sur cette journée remplie de belles choses.
























































































ton beauf demande pourquoi tu tiens une serpillère???😍😁bisous